Le 1er mars, une table ronde parlementaire virtuelle avec des députés de la Sierra Leone a été organisée par le Parlement du Climat, avec le soutien de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et de la Commission européenne (DG INTPA). Dans un premier temps, Nick Dunlop, Secrétaire général du Parlement du Climat, et Lilia Chanaoui, coordinatrice de réseau, ont présenté les conclusions du dernier volet du 6ème rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié le 28 février dernier. Ce volet, le deuxième d'une série de quatre rapports visant à couvrir tous les aspects du changement climatique et à informer les décideurs, se penche sur les conséquences négatives du réchauffement climatique et la manière dont elles menacent l'humanité, la nature et la biodiversité. En 2017, le GIEC avait classé la Sierra Leone en troisième position sur sa liste des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique et cinq ans plus tard, ses conclusions restent très préoccupantes pour le pays et pour l'Afrique de l'Ouest en général.
L'un des impacts les plus critiques du réchauffement climatique concerne à l'agriculture. Les sécheresses et les perturbations du cycle des pluies affectent les cultures et le bétail, et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes menace de plus en plus les productions agricoles. Ils soulèvent de nombreux risques tels que la sécurité alimentaire, la malnutrition, la perte de revenus pour les agriculteurs, l'augmentation des inégalités et des taux de pauvreté. En Afrique, la croissance de la productivité agricole a été réduite de 34 % depuis 1961 en raison du changement climatique, plus que sur tout autre continent. Si la planète continue à se réchauffer au rythme actuel, 183 millions de personnes devraient souffrir de la faim d'ici à 2050 dans le monde, et un million d'enfants pourraient souffrir de graves retards de croissance rien qu'en Afrique. Ces chiffres sont particulièrement inquiétants dans le contexte d'une population mondiale en constante augmentation. Et selon des députés sierra-léonais, les preuves de ce qui nous attend sont déjà visibles dans la vie quotidienne. La chaleur est parfois si extrême que le bétail refuse de brouter l'herbe, et certains types d'aliments que l'on trouvait autrefois couramment sur les marchés se font désormais rares.
La Sierra Leone, qui compte 500 kilomètres de côtes de faible altitude, est particulièrement exposée à l'élévation du niveau de la mer. Les îles et les villes côtières sierra-léonaises, dont la capitale Freetown, sont déjà en première ligne et subissent régulièrement des inondations extrêmes qui obligent les communautés à fuir. La migration induite par le climat est un phénomène que les députés sierra-léonais observent déjà à grande échelle. Le GIEC estime que plus de 2,6 millions et 3,4 millions de déplacements liés au climat se sont produits en Afrique subsaharienne en 2018 et en 2019. Et ces chiffres devraient augmenter à mesure que de plus en plus de zones deviennent impropres à la vie et sortent de la niche de température humaine, la fourchette de température dans laquelle les humains peuvent vivre et prospérer. En effet, les projections montrent que les populations vivant près de l'équateur seront de plus en plus exposées à des conditions météorologiques extrêmes et à des taux de surmortalité liés au climat.
Les parlementaires de Sierra Leone ont exprimé leur désir d'obtenir davantage de soutien technique et financier de la part de la communauté internationale pour mener la lutte contre le changement climatique. Ils ont fait pression pour la création d'un ministère de l'Environnement et se sont fortement engagés à travailler à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais ils se heurtent aussi à des limites pratiques dues au manque d'informations et d'alternatives pour leurs électeurs. Dans le nord du pays, par exemple, d'importantes quantités de charbon de bois sont brûlées car la population n'est pas consciente des conséquences de la pollution, parce qu'elle en dépend pour survivre, et qu'elle n'a pas actuellement de source d'énergie de substitution. Les députés ont également exprimé leur profonde inquiétude quant à l'impact dévastateur de l'abattage des arbres pour l'exportation internationale, un phénomène de grande ampleur en Sierra Leone qui détruit les forêts et les espèces endémiques, et contribue à une température moyenne plus élevée et à une aggravation de la pollution atmosphérique. Les députés ont exprimé leur désir d'obtenir plus de formation sur la science et la terminologie des questions climatiques, afin d'améliorer leurs connaissances et d'être en mesure de communiquer plus efficacement avec leurs électeurs, leur gouvernement et toutes les parties prenantes nationales et internationales travaillant sur le changement climatique. Le directeur exécutif Sergio Missana s'est engagé à ce que le Parlement du Climat les aide à renforcer leurs capacités et à faciliter, par le biais de tables rondes parlementaires internationales, l'échange de bonnes pratiques avec d'autres pays confrontés à des menaces similaires.
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