Le 4 mai, le Parlement du Climat a organisé une table ronde parlementaire nationale pour les législateurs du Liberia, en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et avec le soutien de la Commission européenne (DG INTPA). Le secrétaire général du Parlement du Climat, Nick Dunlop, a débuté la session en encourageant les députés à officialiser ce groupe de parlementaires comme un groupe spécifiquement dédié au changement climatique au sein du Parlement. Après que Léa Hillaireau, coordinatrice politique du Parlement du Climat, ait présenté la dernière version du 6ème rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ainsi que les activités et les idées d'action du Parlement du Climat, la parole a été donnée aux députés pour discuter des impacts du changement climatique dont ils sont déjà témoins dans leurs circonscriptions.
L'une des principales questions soulevées par les parlementaires a été la variabilité des saisons dont ils sont déjà victimes au Liberia. Historiquement, il y a toujours eu deux saisons bien définies au Liberia : la saison des pluies, d'avril à octobre, et la saison sèche, de novembre à mars. Cependant, les Libériens remarquent que ces saisons ne sont plus clairement définies et connaissent déjà des hausses de température intenses. Cela a des répercussions, notamment sur l'agriculture et sur la production d'énergie hydroélectrique. Au cours de l'année écoulée, de nombreuses rivières dans les communautés rurales se sont asséchées, ce qui signifie qu'il n'y a pas assez d'eau dans les rivières pour produire de l'hydroélectricité, qui constitue une part importante de l'approvisionnement énergétique du pays. En outre, les zones de plaine sont devenues trop sèches pour permettre une production alimentaire suffisante.
Les parlementaires ont également soulevé la question de la dépendance du pays à l'égard de l'exploitation forestière, qui engendre une déforestation importante. Le Liberia abrite plus de 30 % de la forêt tropicale de l'Afrique de l'Ouest, qui diminue rapidement. Les communautés dépendent de l'exploitation forestière pour leur économie. Il faut donc trouver une solution de remplacement qui ne nuise pas à l'environnement. Le Liberia prévoit d'interdire l'exploitation forestière au cours des deux prochaines années. Toutefois, s'ils comprennent que cette mesure doit être prise pour des raisons environnementales, les parlementaires ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la manière dont les communautés pourront se développer lorsque cette interdiction entrera en vigueur.
Le changement climatique a également eu un effet dévastateur sur l'érosion marine au Liberia, qui a eu un impact négatif sur de nombreuses communautés rurales - certains villages ont même été anéantis par ce phénomène. L'érosion marine est causée par l'élévation du niveau de la mer due au réchauffement climatique et entraîne des difficultés considérables pour des pays comme le Liberia, qui tirent une grande partie de leurs revenus de la beauté de leurs côtes. Avec la disparition des plages, ces pays perdent un atout majeur qui leur assure des revenus grâce au tourisme.
Il ressort clairement de ces questions que le Liberia doit diversifier son mix d'énergies renouvelables en investissant dans l'énergie solaire pour compléter ses ressources hydroélectriques. L'énergie solaire est beaucoup plus fiable, notamment pour l'adaptation à la chaleur croissante. La seule façon pour les Libériens de survivre à la chaleur à venir est de disposer d'un approvisionnement local fiable en énergie solaire. Pendant les vagues de chaleur, les réseaux nationaux ont tendance à s'effondrer, et la seule source fiable d'électricité dans un monde où le chaos climatique s'accentue est donc la source locale. Les miniréseaux solaires des villages seront essentiels à cet effet, car ils seront nécessaires pour alimenter les espaces climatisés où les gens pourront s'abriter pendant les heures les plus chaudes de la journée. Le coût de l'énergie solaire ne fait que diminuer. En installant une centrale ou un miniréseau solaire, on peut savoir exactement ce que coûtera son énergie aujourd'hui et à l'avenir, puisque le prix reste fixe. Une fois l'équipement amorti, il n'y a pratiquement plus aucun coût, car ils nécessitent très peu d'entretien. Même si le Liberia dispose déjà de vastes ressources hydroélectriques, nous constatons déjà que la variabilité des saisons affecte leur efficacité - il est beaucoup plus fiable pour un pays de diversifier ses ressources d'énergie renouvelable de sorte que, pendant la longue saison sèche où l'hydroélectricité s'avère moins efficace, le pays puisse compter sur l'énergie solaire. L'hydroélectricité peut jouer un rôle important en tant que batterie pour atténuer les fluctuations du vent et du soleil, ce qui signifie que des pays comme le Liberia devraient pouvoir vendre leur hydroélectricité à un prix élevé, car elle sera sollicitée par d'autres pays lorsqu'il n'y aura pas assez d'énergie solaire ou éolienne.
La discussion s'est ensuite orientée vers la possibilité d'élaborer une loi spécifique sur le changement climatique au Liberia, semblable à celles votées récemment au Nigeria et en Ouganda, avec l'aide du Parlement du Climat. Les députés ont convenu que les lois du Nigeria et de l'Ouganda sont des modèles dont le Liberia pourrait bénéficier. Les lois nigériane et ougandaise impliquent une grande collaboration entre différents secteurs (gouvernement, société civile, ONGs, etc.), ce qui est essentiel pour permettre à toutes les parties prenantes de contribuer à l'élaboration de ces lois. Les députés ont également suggéré la création d'une commission sur le changement climatique dans le pays. Une telle commission serait en mesure d'étudier la diversification des ressources énergétiques renouvelables du pays, ce qui permettra d'augmenter le taux d'électrification dans les zones rurales du Liberia.
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