Le 6 avril, le Parlement du Climat a organisé une table ronde parlementaire virtuelle avec plus de quarante députés de dix-neuf pays d'Afrique francophone et anglophone. Avec le député Sam Onuigbo, président de la commission sur le changement climatique de la Chambre des représentants et président du groupe du Parlement du Climat au Nigéria, nous avons discuté des Lois Climat qui ont été adoptées au Nigéria et en Ouganda l'année dernière. Cette session a été organisée en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) avec le soutien de la Commission européenne (DG INTPA).
Le représentant Sam Onuigbo a introduit notre session en décrivant le processus minutieux entrepris par les députés nigérians pour parvenir à l'adoption de cette Loi Climat. Le parcours a été long et laborieux, mais la détermination et l'endurance du député et de ses collègues leur ont finalement permis de réussir lors de leur quatrième tentative pour faire voter cette loi. La loi nigériane sur le changement climatique est un texte législatif de premier plan au niveau mondial, qui établit un Conseil national sur le changement climatique chargé de fixer des budgets carbone annuels et des plans nationaux en vue d'atteindre les CDN du pays. Il est chargé de veiller à ce que les efforts du Nigeria soient conformes à ses objectifs de réduction des émissions, et à ce qu'il maintienne la bonne trajectoire pour parvenir au zéro émission nette. Mais le mandat du Conseil national sur le changement climatique est également beaucoup plus large, puisqu'il cherche aussi à lutter contre le changement climatique en utilisant des solutions basées sur la nature et la comptabilité environnementale et économique, envisage des mécanismes d'échange de droits d'émission de carbone et une taxe sur le carbone, et met l'accent sur l'éducation et la sensibilisation du public.
De nombreuses questions ont été posées par les participants sur la manière d'assurer la mise en œuvre d'une loi après sa promulgation. En effet, si adopter une loi est une chose, s'assurer qu'elle est bien acceptée et effectivement mise en application par les ministères qui en ont la charge, en est une autre. La première loi sur le climat promulguée dans un pays africain, la loi de 2016 sur le changement climatique du Kenya, a inspiré de manière significative les lois sur le climat adoptées en Afrique par la suite. La sénatrice kényanne Abshiro Halake a admis que si l'adoption d'une loi est effectivement une bonne première étape, s'assurer de sa mise en œuvre est tout aussi important. Les parlementaires kenyans ont tenté de relancer le débat sur certaines dispositions qui étaient en sommeil et n'étaient pas correctement appliquées, en les portant à la connaissance de la Chambre par le biais de questions parlementaires, de déclarations et de motions de discussion, dont le grand public peut ensuite se saisir. Après avoir présenté une motion sur l'intégration de l'éducation au changement climatique dans les programmes scolaires le mois dernier, la sénatrice Halake est parvenue à attirer l'attention des médias sur cette disposition essentielle de la loi qui n'avait pas été bien appliquée. Les médias et la société civile peuvent constituer un puissant levier d'action politique et, à ce titre, le Nigéria a veillé à ce qu'ils soient bien représentés au sein du Conseil national sur le changement climatique. Enfin, les sanctions constituent un autre moyen de s'assurer qu'une loi sera correctement mise en œuvre, et le projet de loi nigérian prévoit des actions en justice contre les entités privées et publiques qui se soustraient à leurs responsabilités en matière de changement climatique.
Plusieurs parlementaires ont cité le dernier rapport du GIEC sur l'atténuation du changement climatique, qui nous avertit que si nous voulons limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront être réduites de 43% d'ici 2030. Si la plupart d'entre eux sont conscients de l'urgence d'agir, ils ont exprimé leur souhait d'avoir plus de formation et de renforcement des capacités. Les députés sont des généralistes qui doivent travailler sur un large éventail de sujets de toute nature, et il est crucial qu'ils puissent accéder à des ressources pour améliorer leurs connaissances et leur expertise technique sur les questions liées au climat, afin de pouvoir élaborer des lois plus efficaces et atteindre des objectifs climatiques plus ambitieux. Grâce à ces tables rondes, le Parlement du Climat offre aux députés une plateforme leur permettant d'échanger des bonnes pratiques et des idées d'action, de s'informer sur les résultats et les réussites des autres pays, et de travailler ensemble pour encourager leurs propres gouvernements à agir plus rapidement.
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